Environ 8% des français âgés de 15 à 75 ans ont déjà vécu une dépression selon une enquête réalisée par l’INPES. Parmi eux, les femmes sont surreprésentées, 10% d’entre elles ont eu un épisode dépressif dans l’année précédent l’enquête contre 5,6% des hommes interrogés.
Plusieurs études ont suggéré l’importance de l’âge ou de l’état émotionnel de la mère au moment de la grossesse, dans le développement des symptômes dépressifs chez la fille. Contrairement aux garçons, dont les dépressions semblent moins affectés par l’environnement maternel.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’université de San Francisco, montre à présent que l’organisation structurelle du système cortico-limbique est préférentiellement transmise de la mère à sa fille, plutôt que de la mère à son fils.
A savoir ! Le système cortico-limbique, est une structure du cerveau qui intervient dans la régulation des émotions, et est impliquée dans divers troubles de l’humeur : anxiété, stress, dépression. Il est composé de plusieurs structures cérébrales : l’hippocampe, l’amygdale, le gyrus cingulaire antérieur et le cortex préfrontal ventromédian.
Conclusions et hypothèses concernant les symptômes dépressifs
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les résultats d’imageries cérébrales de 35 familles. En particulier, ils ont mesuré le volume de matière grise dans les structures du système cortico-limbique, en soumettant les parents et enfants participant à l’étude à une Imagerie par Résonance Magnétique.
Les résultats ont montré que les structures limbiques entre une mère et sa fille étaient beaucoup plus semblables que celles entre une mère et son fils ou entre un père et ses enfants.
Ainsi, une hypothèse se dégage dans laquelle si une mère a un système limbique prône aux épisodes dépressifs, il est alors plus probable que sa fille, qui possède une structure limbique similaire, soit elle aussi plus susceptible d’avoir un épisode dépressif au cours de sa vie. Pour autant, on ne peut pas conclure que la dépression de la mère sera de manière directe transmise à sa fille.
En effet, les chercheurs restent très prudents sur les résultats de leur étude. Tout d’abord, les résultats de cette étude sont basés sur un petit nombre de familles participantes ; par ailleurs, la survenue d’un épisode dépressif ne peut être réduite à une seule question génétique ou anatomique, de nombreux autres facteurs entre en compte : l’environnement social, l’expérience de vie, le stress, les facteurs somatiques…
De nouvelles pistes de recherche de symptômes dépressifs
Les chercheurs souhaitent à présent étendre leurs études aux enfants nées de mères porteuses et à celles-ci, afin d’étudier si en absence de liens génétiques, le système cortico-limbique des filles est également semblable à celui de la mère porteuse ou à celui de la mère biologique.
Sources :
La dépression en France (2005-2010) : prévalence, recours au soin et sentiment d’information de la population, François Beck et Romain Guignard, INPES, consulté le 27 janvier 2016
Older Maternal Age Is Associated With Depression, Anxiety, and Stress Symptoms in Young Adult Female Offspring. JE. Tearne and al., Journal of Abnormal Psychology, 2015
Brain Structure Governing Emotion Is Passed Down From Mother To Daughter, Steve Tokar, UCSF, 26 janvier 2016