Les antidépresseurs se révèlent inefficaces chez une personne sur trois. Des chercheurs Anglais ont donc développé un test sanguin capable de prédire l’efficacité de ces médicaments chez une personne donnée. Cette découverte pourrait amorcer la personnalisation du traitement de la dépression.
Une prise en charge médicamenteuse compliquée
La dépression affecte 15 à 25% de la population, avec une prédominance féminine. Les troubles débutent généralement entre 15 et 25 ans, avec un nouveau pic à 35 ans. Ils peuvent être de différents niveaux : on parle de syndrome dépressif léger, modéré ou sévère.
Si de nombreux antidépresseurs (ATD) existent, leur efficacité n’est établie que chez 2 patients sur 3. De plus, la moitié des patients dépressifs n’obtiennent aucun bénéfice avec le premier ATD essayé. Pour beaucoup, ce n’est qu’après plusieurs essais médicamenteux que l’équilibre thérapeutique est envisageable. Côté professionnels de santé, le délai est difficilement améliorable. Juger de l’efficacité d’un ATD nécessite un délai d’au moins 12 semaines.
Un nouvel espoir pour le traitement de la dépression
Publiée le 7 juin dans l’International Journal of Neuropsychopharmacology, une nouvelle étude a évalué l’utilité d’un test sanguin capable de prédire si un patient dépressif répond positivement ou non aux ATD classiques. Ce test, développé par le King’s College de Londres, juge la sensibilité des patients grâce à la mesure de deux biomarqueurs de l’inflammation : le facteur MIF (Macrophage migration Inhibitory Factor) et l’IL β1 (interleukine β1).
Les chercheurs ont observé qu’au-delà d’un certain seuil, les taux de MIF et ILβ1 permet de prédire la réponse d’un sujet aux ATD conventionnels. A l’inverse, les patients avec un taux inférieur au seuil seraient réactifs à ces ATD.
A savoir ! Selon l’OMS, la dépression sera la seconde cause d’invalidité dans le monde, 2020.
Ainsi il serait possible d’estimer la compatibilité entre un patient dépressif et un ATD. Cette étude est une première approche de la personnalisation de la prise en charge médicamenteuse dans le soulagement de la dépression. Si elle est appliquée, elle permettra d’éviter de nombreux échecs thérapeutiques. De plus, l’aspect biologique de cette approche renforce l’importance du rôle de l’inflammation pour la compréhension physiopathologique de la dépression.
Clémence R. Pharmacienne
Sources :
Blood test to personalise depression treatment for the first time. King’s College London. 07 juin 2016
Blood test could identify people who will respond to antidepressants. The Guardian. Consultée le 10 juin 2016
Dépression. Recommandation en pratique. Vidal Recos. 2014
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