Mieux soigner la dépression est un enjeu de santé publique qui passe par la prévention mais aussi, par la mise au point de nouvelles thérapies médicamenteuses. Récemment, des chercheurs de l’université de Californie ont mis en évidence que certaines substances psychédéliques, comme le LSD, permettaient de lutter contre la dépression en stimulant la genèse des connexions entre les neurones. Immersion dans ces travaux très prometteurs.
La dépression et les connexions neuronales
La dépression est une pathologie qui reste encore très mystérieuse d’un point de vue physiologique. Cependant, grâce à l’essor des technologies d’imagerie cérébrale, il a été montré que certaines personnes dépressives présentent une atrophie des neurones du cortex préfrontal.
À savoir ! Le cortex préfrontal est la partie avant du cortex du lobe préfrontal. Il joue différents rôles dans les fonctions cognitives supérieures (langage, mémoire de travail, raisonnement) mais est également la zone responsable du goût et de l’odorat.
De plus, des études ont montré que la kétamine (molécule synthétique autorisée uniquement dans le milieu médical) activait la plasticité des neurones du cortex préfrontal entrainant ainsi des effets antidépresseurs et anxiolytiques.
Ici, les chercheurs ont testé, sur des cellules neuronales humaines in vitro et sur le cerveau de différents animaux (mouches des fruits, souris, poisson zèbre), les effets de substances psychédéliques sérotoninérgiques telles que le LSD (diéthylamide de l’acide lysergique), la DOM (2,5-diméthoxy-4-méthylamphétamine) et la DMT (diméthyltryptamine).
À savoir ! La sérotonine est un messager chimique, scientifiquement appelé neurotransmetteur, au niveau du système nerveux central. Elle est impliquée dans diverses fonctions de l’organisme telles que le sommeil ou l’humeur.
Quelles sont les observations sous le microscope électronique ?
Tout comme la kétamine, ces molécules augmentent le nombre et l’activité des connexions entre les cellules nerveuses, des connexions nommées synapses.
Ainsi, les prolongements des neurones (dendrites) ont plus de protubérances (épines dendritiques) leur permettant d’être en contact avec un nombre plus important de neurones. Ce phénomène est appelé la spinogenèse. Ces changements entraînent également une activité accrue du cortex cérébral.
Vers une nouvelle génération d’antidépresseurs ?
Pour aller plus loin, les chercheurs ont montré que derrière cette activation se cachaient certaines voies de signalisation. Ces dernières pourraient donc servir de cibles pour le l’élaboration d’antidépresseurs à action rapide et d’anxiolytiques.
À savoir ! En biologie, on appelle signalisation l’ensemble des mécanismes de communication au niveau cellulaire. Cette communication consiste à transporter de l’information, décoder les messages portés et transférer les ordres contenus dans ces messages à la machinerie intracellulaire (communication intracellulaire). La communication cellulaire peut être endocrine (via des hormones), paracrine (échanges de proximité entre cellules contiguës, comme la neurotransmission), ou encore autocrine (messages émis et reçus par la même cellule pour s’autoréguler).
Finalement, ces résultats suggèrent que certaines molécules psychédéliques peuvent être utilisées comme structures principales pour identifier des thérapies de nouvelle génération.
Cependant, il ne faut pas se méprendre et l’idée, ici, n’est pas d’utiliser les molécules psychédéliques telles quelles, mais de mettre au point des molécules avec une structure proche de la leur sans avoir leurs effets négatifs (addictions, hallucinations, dépression, phobies, angoisses, survenue de troubles mentaux, etc.).
Actuellement, l’équipe de chercheurs se dirige vers cette piste en identifiant de nouveaux médicaments antidépresseurs sécuritaires et non addictifs dont la structure est proche de celle des composés psychédéliques.
Julie P., Journaliste scientifique
– Psychedelics Promote Structural and Functional Neural Plasticity. Cell Reports. C. LY et al. Consulté le 16 juillet 2018.
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