De plus en plus de jeunes souffrent de troubles anxieux ou dépressifs. Si ces troubles impactent directement leur vie d’enfant, d’adolescent ou de jeune adulte, ils pourraient aussi profondément nuire à leur santé future. Une récente étude suédoise révèle que les jeunes concernés présentent un risque majoré de développer des maladies et de mourir prématurément. Explications.
Dépression et santé chez les jeunes
La dépression chez l’enfant et l’adolescent constitue un enjeu majeur de santé publique, car elle affecte leur santé au moins à deux niveaux :
- Elle nuit directement à leur santé physique et mentale durant la jeunesse, pouvant profondément impacter leur développement et leur intégration socio-professionnelle ;
- Elle pourrait influencer négativement leur santé physique sur le long terme, en augmentant le risque de développer certaines maladies chroniques et potentiellement de décéder prématurément.
Il y a quelques mois, une étude a d’ailleurs mis en évidence que les hommes de 50 à 60 ans, ayant des antécédents de dépression ou d’anxiété, avaient un risque accru d’accidents cardiovasculaires (infarctus du myocarde, crise cardiaque, …).
Un risque majoré pour 66 problèmes de santé !
Plus récemment, des chercheurs suédois ont analysé les données d’une cohorte de près d’1,5 millions de sujets (51,2 % d’hommes), parmi lesquels 2,5 % avaient présenté des symptômes dépressifs entre 5 et 19 ans. L’incidence au sein de cette cohorte de 69 pathologies ou affections et les taux de mortalité associés à différentes causes ont été comparés entre les adultes ayant des antécédents dépressifs et ceux n’ayant aucun antécédent psychologique.
L’âge moyen de survenue des troubles dépressifs était de 16,7 ans chez les garçons comme chez les filles. Les sujets de la cohorte ont été suivis jusqu’à des âges compris entre 17 et 31 ans. Les sujets qui avaient des antécédents dépressifs au cours de l’adolescence présentaient un risque plus élevé que les autres pour 66 pathologies et affections sur les 69 retenues dans l’étude.
Quel impact d’une prise en charge adaptée de la dépression ?
L’association était particulièrement forte entre dépression et santé physique pour certains types de problèmes, tels que :
- Les automutilations chez les femmes ;
- Les troubles du sommeil ;
- Les hépatites virales ;
- La mortalité toutes causes confondues ;
- La mortalité spécifique, en particulier la mortalité liée aux conduites suicidaires.
En ajustant les données sur les pathologies psychiatriques associées, le risque de morbidité et de mortalité baissaient, mais restaient significativement supérieurs à ceux de la population générale. A partir de telles données, il semble nécessaire de déterminer par quels mécanismes les antécédents de dépression peuvent agir sur certaines pathologies et induire une mort prématurée. Il est également capital de savoir si une prise en charge adaptée de la dépression permet de réduire l’impact sur la santé physique à moyen et long termes.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
