On estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. Et si une activité physique régulière pouvait protéger contre son apparition ? C’est ce que révèle une étude australienne qui affirme que même une seule heure d’exercice hebdomadaire serait suffisante pour prévenir ce mal !
Dépression : un constat alarmant
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression à travers le monde. Une enquête de santé australienne a dénombré quant à elle 1 million d’australiens dépressifs avec 1 australien sur 5 âgé entre 16 et 85 ans ayant déjà souffert d’un trouble mental.
Parallèlement à ces chiffres alarmants, 20% des adultes australiens n’exercent aucune activité physique régulière, et plus d’un tiers se dépensent physiquement moins d’une heure et demie par semaine.
Publiés dans l’American Journal of Psychiatry, les résultats de cette nouvelle étude démontrent que la pratique d’une activité physique, même minimale, peut protéger contre la dépression, avec des bénéfices sur la santé mentale indépendamment de l’âge ou du sexe de l’individu.
Les vertus protectrices d’une activité physique régulière
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont analysé les données de l’étude sanitaire du comté norvégien de Nord-Trøndelag, une des plus grandes et des plus instructives enquêtes sanitaires de population jamais menées. Conduite entre janvier 1984 et juin 1997, elle avait inclus une cohorte de 33 908 adultes norvégiens et enregistré leurs symptômes de dépression et d’anxiété ainsi que leurs niveaux d’activité physique sur une période de 11 ans.
En guise de comparaison, une cohorte de participants en bonne santé a été interrogée pour enregistrer leur fréquence d’exercice physique ainsi que leur intensité selon 3 critères :
- Activité physique sans manque de souffle ni transpiration ;
- Activité physique avec manque de souffle et transpiration ;
- Activité physique avec épuisement.
A l’étape du suivi, les participants ont ensuite complété un questionnaire individuel permettant de déceler une anxiété ou une dépression potentielle.
L’équipe de chercheurs a également pris en compte l’influence de différents facteurs : facteurs sociaux économiques et démographiques, indice de masse corporelle, usage de drogue, consommation d’alcool, maladies physiques etc.
Les résultats ont démontré que même à faible dose, le sport pouvait protéger de la dépression. Les personnes ayant rapporté ne pas faire d’exercice du tout couraient en effet 44% plus de risque de développer une dépression que ceux pratiquant un sport 1 à 2 heures par semaine.
Ces découvertes font suite à la récente campagne du Black Dog Institute intitulée « Exercise Your Mood » (« Entraîne ton humeur ») qui a eu lieu tout au long du mois de septembre et qui a encouragé les Australiens à améliorer leur bien-être physique et mental à travers l’activité physique. L’équipe de scientifiques se montre donc très optimiste devant ces résultats encourageants :
« Nous savons depuis longtemps que l’activité physique a un rôle à jouer dans le traitement des symptômes de la dépression, mais c’est la première fois que nous avons pu quantifier l potentiel de prévention de l’activité physique en termes de réduction des futurs niveaux de dépression » déclare l’un des auteurs de l’étude, le professeur Samuel Harvey.
Les scientifiques estiment par ailleurs que 12% des cas de dépression auraient pu être évités au sein de la cohorte si les participants s’étaient engagés à pratiquer juste une heure d’exercice physique par semaine !
« Ces découvertes sont excitantes car elles montrent que même de relatives petites quantités d’exercice, à raison de 1 heure par semaine, peuvent permettre une protection significative contre la dépression. Nous essayons encore de déterminer exactement pourquoi l’activité physique peut avoir cet effet protecteur, mais nous pensons que cet effet est lié à l’impact combiné de différents bénéfices physiques et sociaux de l’activité physique. »
A noter que la plupart des bienfaits sur la santé mentale ont eu lieu dès la première heure d’exercice hebdomadaire, peu importe son intensité.
« Comme le mode de vie sédentaire devient la norme à travers le monde, et que les taux de dépression sont croissants, ces résultats sont particulièrement pertinents dans la mesure où ils soulignent que même des petits changements dans nos habitudes de vie peuvent engranger des bénéfices significatifs sur la santé mentale. »
Aucun effet protecteur n’a toutefois été observé au niveau de la prévention de l’anxiété, et des travaux supplémentaires doivent être menés pour approfondir la question, mais on ne le répétera jamais assez : pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière !
Déborah L., Docteur en Pharmacie
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