La dépression de l’adolescence est un trouble complexe. Souvent confondue avec une déprime, elle est difficile à repérer et peut passer inaperçue. Différente de la dépression de l’adulte, elle concerne une période comprise entre 10 et 19 ans. Près de 8 % des adolescents sont touchés, et, selon une étude de 2018, la dépression est en hausse de 47 % chez les garçons et de 65 % chez les filles depuis 2013.
Considérant son important retentissement social, sa récurrence et son risque de suicide associé, il est important de la déceler. Reconnaître ses symptômes est donc primordial pour éviter ses complications et permettre aux adolescents de s’en sortir.
Quels sont les symptômes ?
Ils sont variables d’un adolescent à un autre et peuvent changer dans le temps. Cependant, parmi les plus courants on peut citer :
- De l’irritabilité ou une tristesse permanente
- De la difficulté à se sentir heureux
- Un manque de plaisir et d’intérêt en général, quels que soient les domaines
- Des sentiments de culpabilité, de honte, d’inutilité ou d’humiliation
- De l’anxiété
- Des troubles du sommeil
- Des troubles alimentaires
- Des troubles de concentration
- De la colère
- Des pensées suicidaires
La dépression chez l’adolescent est donc plus qu’une simple tristesse. Cette tristesse, ou irritabilité, associée à au moins cinq autres symptômes, observée pendant plus de deux semaines, est significative et doit être signalée à un professionnel de santé.
Pourquoi peut-on passer à côté ?
A l’adolescence, il est courant d’avoir des sautes d’humeur. Cette période, riche émotionnellement, et marquée par de multiples transformations est délicate L’adolescent peut se sentir sous pression à l’école, pour nouer de nouvelles relations, se trouver une identité. Tantôt exalté, tantôt flegmatique, l’adolescent est difficile à décrypter. De plus, peu enclin à la confidence au sein du cercle familial, la dépression peut petit à petit s’installer sans être décelée.
Des signes évocateurs, peuvent cependant alerter :
- Un désintérêt soudain pour des activités jusqu’alors appréciées
- Une volonté de s’isoler
- Une négligence des amis ou du partenaire
- Une colère inexpliquée
- Des résultats scolaires en chute
- Une hypersomnie
- Une perte ou prise de poids, une perte ou une augmentation d’appétit
- Une somatisation (présence de troubles physiques, liés à des troubles psychologiques)
Dissocier la dépression de la simple déprime est donc une première étape. La dépression s’inscrit dans le temps et impacte de manière significative le quotidien, le relationnel et la scolarité de l’adolescent.
Ou la dépression peut-elle mener ?
Plusieurs complications sont possibles. Non détectée, la dépression peut mener aux automutilations et à la tentative de suicide. Mais elle peut également avoir des retentissements :
- Au niveau juridique à travers l’absentéisme scolaire, des bagarres régulières, des fugues
- Au niveau scolaire à cause des difficultés à trouver une orientation scolaire adéquate
- Au niveau personnel avec un isolement sur le long terme
- Au niveau de la santé avec des problèmes liés aux troubles alimentaires, aux troubles du sommeil ou à la prise de
Le médecin généraliste, sera un interlocuteur privilégié en cas d’inquiétude de la part des parents. Grâce à une approche empathique et collaborative, il orientera l’adolescent vers une prise en charge adaptée.
Quelles sont les solutions ?
La prévention
Bien qu’il soit difficile de prévenir la dépression chez l’adolescent, une récente étude fournit quelques conclusions encourageantes :
Connaître les facteurs de risques peut aider à la détecter plus rapidement. Ils peuvent être :
- Individuels : un âge plus élevé, être une fille, des troubles psychiatriques dans l’enfance
- Familiaux : antécédents de dépression dans la famille
- Environnementaux : précarité, deuil, conflits intra-familiaux
De plus, certains facteurs de protection peuvent réduire le risque de dépression comme :
- Créer un univers familial positif
- Éviter tout traumatisme et toute violence
La psychothérapie
Reconnue comme efficace, il en existe de plusieurs types. Le pédopsychiatre sera le plus à même d’orienter l’adolescent vers l’une d’entre elles :
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : qui vise à changer les schémas de pensées négatives
- La thérapie interpersonnelle (TPI) : qui se concentre sur l’interaction avec les autres
- La thérapie psychodynamique : qui travaille à la compréhension des expériences
- La thérapie familiale : qui implique des membres de la famille
La prise en charge médicamenteuse
Si, passé un délai de 8 semaines, la psychothérapie semble insuffisante, une prise en charge médicamenteuse associée peut être envisagée. C’est le psychiatre qui prescrira le traitement le mieux adapté.
D’autres pistes importantes
La dépression doit se traiter dans une approche globale. Aider l’adolescent à changer son mode de vie peut donc être important, il peut s’agir de l’encourager :
- A aller dans des groupes de paroles, dans lesquelles il ne sera ni jugé, ni stigmatisé
- A manger plus sainement ou à faire de nouveau du sport, en l’inscrivant dans un club
- A avoir recours à des médecines douces comme l’acupuncture ou des pratiques anciennes comme le yoga ou le tai chi chuan
Beaucoup d’adolescents ne se sentiront pas à l’aise pour discuter de leur mal être. Les parents, parfois désarmés, ne sont pas dans une position facile. Le recours à un professionnel de santé extérieur est donc la première étape dans la prise en charge de la dépression. Mais chaque acteur de la vie de l’adolescent va compter. Ainsi, l’absence de jugement, la concentration sur des faits positifs ou encore la défense des intérêts de l’adolescent de la part de ses proches peuvent faire la différence.
Juliette S., Rédactrice scientifique
– La dépression chez l’adolescent. Fondation Pierre Deniker. Consulté le 3 décembre.
– Dépression de l’adolescent : comment repérer et prendre en charge ? Haute Autorité de Santé. Consulté le 3 décembre.