Pathologie chronique la plus fréquente en France, l’hypertension artérielle (HTA) est associée à une augmentation du risque de dépression. S’ils s’avèrent efficaces dans la gestion de cette maladie, les traitements anti-hypertenseurs auraient-ils un impact sur le risque de dépression ? C’est ce qu’a cherché à savoir une étude danoise de grande envergure.
Hypertension artérielle et risque de dépression
Touchant près d’un adulte sur trois, l’hypertension artérielle (HTA) est la pathologie chronique la plus fréquente en France. Elle représente l’un des principaux facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux.
À savoir ! L’hypertension artérielle se définit par une élévation persistante de la pression artérielle systolique (≥140 mmHg) ou de la pression artérielle diastolique (≥90 mmHg) qui augmente le travail du muscle cardiaque et accélère la fatigue du cœur. Ainsi, plus la tension est élevée, plus le risque de maladie cardio-vasculaire augmente.
Or, l’hypertension artérielle ainsi que les maladies cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires sont autant de pathologies associées à une augmentation du risque de dépression.
Dans ce contexte, les traitements anti-hypertenseurs pourraient-ils avoir un impact sur le risque de dépression ? C’est ce qu’a cherché à savoir une étude danoise de grande envergure.
Une large étude pour étudier l’impact des anti-hypertenseurs sur le risque de dépression
L’objectif principal de cette étude de population réalisée au Danemark consistait à savoir si les traitements anti-hypertenseurs jouent un rôle dans le risque de dépression.
S’appuyant sur les registres nationaux danois, les scientifiques ont recherché un lien entre les 41 anti-hypertenseurs disponibles sur le marché et le risque de troubles dépressifs. Pour mener à bien leurs recherches, ils ont ainsi inclus dans cette étude des patients hypertendus suivis sur une période de 10 ans (entre janvier 2005 et décembre 2015). Deux critères d’évaluation ont été retenus :
- Diagnostic de dépression posé en hôpital psychiatrique chez un patient hospitalisé ou suivi en externe.
- Combinaison d’un diagnostic de dépression et d’un recours à un traitement antidépresseur.
Un impact positif de certains anti-hypertenseurs sur le risque dépressif
Il ressort de cette étude qu’aucun des médicaments anti-hypertenseurs étudiés n’a été associé à une augmentation du risque de dépression. Parmi l’éventail de médicaments anti-hypertenseurs existants, la classe des diurétiques n’a eu aucun effet sur le diagnostic de dépression ou le recours à un traitement antidépresseur.
Trois autres grandes classes pharmacologiques d’anti-hypertenseurs se distinguent cependant car elles ont été associées à un moindre risque de troubles dépressifs (quel que soit le critère utilisé):
- Les antagonistes du système rénine angiotensine aldostérone (SRA);
- Les bêta-bloquants;
- Les inhibiteurs calciques.
Au sein de ces grandes classes pharmacologiques, certains anti-hypertenseurs semblent même sortir du lot :
- Pour les antagonistes du SRA : l’énalapril et le ramipril (inhibiteurs de l’enzyme de conversion).
- Pour les bêta-bloquants : le propranolol, l’aténolol, le bisoprolol et le carvédilol.
- Pour les inhibiteurs calciques : l’amlodipine et le vérapamil.
Cette étude danoise de grande envergure permet de mettre en lumière l’effet positif de certains anti-hypertenseurs sur la réduction du risque de troubles dépressifs. S’ils nécessitent d’être confirmés par d’autres études, ces premiers résultats peuvent d’ores et déjà constituer une aide pour les praticiens dans leurs choix thérapeutiques face à une hypertension artérielle survenant chez un patient souffrant de troubles anxio-dépressifs ou ayant des antécédents dépressifs. Preuve en est qu’une vision globale de la médecine pourrait être envisagée de façon plus systématique à l’avenir.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Antihypertenseurs et risque de dépression : point de vue actuel. JIM. Consulté le 23 octobre 2020.