25 % des Français prennent occasionnellement ou régulièrement des médicaments psychotropes, parmi lesquels les antidépresseurs représentent une proportion importante. Parmi les effets secondaires possibles de ces médicaments, une récente étude alerte sur un risque majoré d’hématome sous-dural. Explications.
Hématome sous-dural et antidépresseurs
Un hématome sous-dural est une accumulation de sang dans la boîte crânienne, entre les tissus des méninges (ces tissus entourent le cerveau et renferment le liquide cérébrospinal). Dans la grande majorité des cas, l’hématome sous-dural est une conséquence directe et rapide d’un traumatisme crânien.
Depuis les années 1980, les scientifiques observent une augmentation de l’incidence des hématomes sous-duraux. L’explication la plus fréquemment avancée est l’administration de médicaments anti-thrombotiques. Mais l’hématome sous-dural pourrait-il aussi survenir en cas de prise d’antidépresseurs ? Quelques études ont suggéré que les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS), largement utilisés dans le traitement de la dépression, pourraient augmenter le risque d’hématome sous-dural, mais les données restaient limitées.
Un risque maximal dans les premiers mois de prise
Dans ce contexte, une nouvelle étude cas-témoins a récemment été menée aux Danemark. L’étude a porté sur 10 885 patients ayant présenté un hématome sous-dural et comparé avec 435 379 sujets appariés de la population générale. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’effet de la prise d’antidépresseurs sur le risque d’hématome sous-dural, en s’affranchissant des autres facteurs de risque potentiels.
Les données recueillies ont permis de relier la prise d’ISRS, et dans une moindre mesure d’autres antidépresseurs, avec un risque majoré d’hématome sous-dural, par rapport aux personnes n’utilisant aucun de ces médicaments. Cette relation était indépendante de la dose d’antidépresseurs prescrite.
Plus précisément, le risque était maximal pour les patients prenant un antidépresseur depuis moins d’un mois. Il diminuait au-delà d’un an d’utilisation pour disparaître totalement après 3 ans de traitement.
Un risque absolu faible, mais à prendre en compte
Par ailleurs, le risque d’hématome sous-dural n’était pas modifié chez les patients prenant simultanément des antidépresseurs et des anti-thrombotiques ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens, par rapport aux personnes prenant ces médicaments de manière isolée. A l’inverse, un risque majoré a été observé en cas d’association entre des antidépresseurs, des médicaments anti-vitamine K et des anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Pour expliquer l’augmentation du risque d’hématome sous-dural avec les antidépresseurs, les chercheurs invoquent leur effet antiplaquettaire intrinsèque et l’augmentation possible du risque de chute.
Au final, le risque d’hématome sous-dural sous antidépresseur reste faible en valeur absolue, 19 cas pour 100 000 sujets par an au Danemark. Mais un tel risque doit être néanmoins pris en compte, en particulier en cas d’association avec d’autres médicaments capables d’influencer ce risque.
Estelle B., Docteur en Pharmacie