Au cours de sa vie, un Français sur cinq souffrira de dépression. Parallèlement à la psychothérapie, les antidépresseurs sont largement utilisés pour traiter cette redoutable maladie. Ils sont cependant accusés de différents effets secondaires plus ou moins graves. La prise de poids est l’un d’entre eux. Mythe ou réalité ? Des chercheurs australiens se sont penchés sur la question.
Prise de poids et famille d’antidépresseurs
L’étude a porté sur 2 334 volontaires qui ont été suivis plus de 4 ans. 188 personnes prenaient 1 à 2 antidépresseurs et 288 plus de 2.
Ne faisons pas durer le suspense : oui, les antidépresseurs font grossir, mais dans des proportions limitées et variables selon le type d’antidépresseur prescrit.
Globalement, les personnes non traitées avaient un gain de poids de 120g par an, les patients recevant 1 à 2 antidépresseurs 180g et ceux prenant plus de 2 médicaments 280g.
Ces résultats sont à nuancer en fonction de la famille d’antidépresseurs utilisée. L’étude a en effet révélé que cette différence de prise de poids était essentiellement due aux patients recevant des IRSs (Inhibiteurs de recapture de la sérotonine). À eux-seuls, ces patients prenaient en moyenne 480g par an. L’utilisation d’autres antidépresseurs comme les tricycliques n’était pas corrélée à un gain de poids.
A savoir ! Différentes molécules sont utilisées pour soigner la dépression. Elles agissent au niveau du cerveau en modulant l’action de certaines substances appelées neurotransmetteurs. Les IRSs, comme la fluoxétine ou la fluvoxamine, bloquent la recapture de la sérotonine au niveau des neurones, augmentant ainsi son effet. La sérotonine a, entre autres, une action de régulation de l’humeur et du sommeil. Les antidépresseurs tricycliques agissent eux sur la sérotonine et la noradrénaline. Les IRSs sont les plus prescrits.
Le régime alimentaire occidental également en cause
Cependant, les scientifiques australiens ne se sont pas arrêtés là ; ils ont aussi analysé en détail les habitudes alimentaires et d’hygiène de vie des participants.
L’étude a fait ressortir que la prise de poids était plus conséquente pour les patients sous IRSs lorsqu’ils étaient sédentaires, fumeurs et se nourrissaient « à l’occidentale ».
A savoir ! Le régime dit « occidental » est basé sur la consommation de viande et d’aliments, souvent industriels, gras et sucrés.
Face à l’épidémie d’obésité et de dépression qui frappe les pays occidentaux, des conseils d’hygiène de vie, voire un suivi nutritionnel, sembleraient judicieux lors de la prescription d’IRSs aux patients dépressifs.
Isabelle V., Journaliste scientifique
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