La dépression après l’accouchement peut aussi toucher le nouveau papa. Quelles sont les statistiques ? Et, comment expliquer cette baisse de vitalité psychologique ?
Des symptômes maternels et paternels différents
La dépression du post-partum toucherait 3 à 20 % des femmes en se manifestant dans le premier semestre suivant l’accouchement.
Les symptômes sont proches de la dépression classique : découragement et perte de motivation, pleurs fréquents et incontrôlables, sentiment d’infériorité, fatigue, douleurs inhabituelles, irritabilité et/ou anxiété.
Pour comprendre dans quelles proportions cette maladie pouvait toucher aussi les hommes, des chercheurs suédois de l’université de Lund ont suivi 447 jeunes pères suédois.
Contre toutes attentes, 28 % des hommes avaient des symptômes suggérant la présence d’une dépression.
Les statistiques couramment évoquées sur la dépression postnatale masculine oscillent autour des 10 %.
L’auteur principal de ces travaux, Elia Psouni, du département de psychologie de l’université de Lund, explique ce décalage par le fait que l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg (EPDS) utilisée pour les femmes et les hommes ne permet pas de dépister suffisamment la dépression chez les pères.
À savoir ! L’échelle de dépression postnatale d’Edimbourg, appelée également échelle de Cox, est un test de dépistage en 10 questions comme « Etes-vous dépassé par les événements ? « Avez-vous été anxieuse sans raison valable ». Il est destiné aux femmes ayant accouché récemment (moins d’un an) ou aux femmes enceintes. Chaque question comporte 4 réponses de fréquence (non, parfois, la plupart du temps, toujours etc..) correspondant à un score de 0 à 3. Plus le score est élevé, plus le risque de souffrir d’une dépression post-natale est élevé.
En effet, dans son diagnostic, l’équipe de chercheurs suédois intègre des symptômes dépressifs retrouvés typiquement chez les hommes comme l’agitation, la colère, l’irritabilité, le temps passé dans le travail et une consommation excessive d’alcool. Ces symptômes sont mesurés grâce à l’échelle de dépression masculine Gotland.
Ainsi, les chercheurs concluent dans leurs travaux qu’il faudrait mettre en place une échelle combinant l’échelle d’Edimbourg et l’échelle de Gotland pour diagnostiquer la dépression postnatale masculine.
Identifier et prévenir la dépression postnatale masculine
Pour expliquer la survenue de la dépression après l’accouchement chez les mères, on met en avant les modifications corporelles et psychologiques, un déséquilibre en nutriment et/ou en hormones, une fatigue importante liée aux efforts de l’accouchement ou ) et/ou à l’organisation à mettre en place à la maison.
Pour le père, les raisons sont différentes.
Les chercheurs expliquent que les facteurs aggravant le risque de survenue de dépression sont :
- Le manque d’organisation dans le soutien apporté à la mère ;
- Le manque de sommeil créant de l’irritabilité ;
- La difficulté à trouver sa place après la naissance du bébé ;
- Les conflits au sein du couple.
Une autre étude, réalisée par l’université de Californie, a mis en évidence que les hommes ressentent une baisse de testostérone neuf mois après l’arrivée du bébé. Cette chute hormonale pourrait les prédisposer à développer un état dépressif.
Pour les chercheurs suédois, il est essentiel que le père soit davantage valorisé pendant et après la grossesse. En ayant le sentiment d’avoir une place importante et à part entière, il lui sera plus facile de parler ouvertement de ses fluctuations d’humeur et de sa possible dépression. A ce moment, il pourra commencer une thérapie médicamenteuse, une psychothérapie ou une thérapie cognitivo comportementale.
Julie P., Journaliste scientifique
– High paternal testosterone may protect against postpartum depressive symptoms in fathers, but confer risk to mothers and children. www.sciencedirect.com. D.E.Saxbe et al. Consulté le 5 juin 2019.