Résistance, effets secondaires, difficultés à bien suivre son traitement… les médicaments antidépresseurs ne sont pas toujours à la hauteur pour faire reculer les symptômes d’une dépression. Une nouvelle étude vient de révéler que la stimulation électrique transcrânienne pouvait faire diminuer, de moitié, les symptômes de cette maladie psychiatrique touchant 2,5 millions de Français chaque année.
Synchroniser les ondes cérébrales alpha
Des investigations précédentes sur l’activité électrique du cerveau ont montré que les patients souffrant de dépression présentaient un déséquilibre de leurs ondes alpha: des courants électriques avec une fréquence oscillant entre 8 et 13 Hz.
À savoir ! Les ondes alpha sont plus fréquentes pendant le sommeil, la méditation légère et la réflexion. Finalement, ces ondes sont davantage présentes dans le cerveau lorsqu’il se coupe des stimulations sensorielles (ouïe, vue, odorat, toucher). On distingue également trois autres types d’ondes : les ondes delta (sommeil profond, rêve), les ondes thêta (relaxation profonde) et enfin, les ondes bêta retrouvées pendant les activités normales .
Concrètement, ces ondes seraient plus actives dans la partie gauche du cortex frontal entraînant une « asymétrie frontale alpha » chez les dépressifs.
Dans cet essai clinique, les chercheurs, encadrés par les neuroscientifiques Flavio Fröhlich et David Ribinow du département de psychiatrie de l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill, ont testé les effets de la stimulation électrique transcrânienne à courant alternatif (tACS en anglais pour transcranial Alternating Current Stimulating) sur les symptômes de la dépression majeure.
À savoir ! La tACS consiste à attacher des électrodes au niveau du crâne afin qu’elles envoient un faible courant électrique alternatif. Ce dernier cible une région du cerveau et notamment les ondes qui sont présentes dans cette région. Ici, le courant électrique va amplifier, diminuer ou synchroniser les ondes.
7 patients sur 10 voient leurs symptômes reculer de 50%
Ici, le défi des chercheurs était de resynchroniser les oscillations alpha du cortex frontal gauche avec celles du cortex frontal droit.
Les 32 participants ont été divisés en trois groupes : le groupe placebo (bénéficiant d’une « fausse » stimulation électrique), le groupe de tACS à 40Hz (une fréquence n’occasionnant aucun effet sur les ondes alpha) et enfin, le groupe de tACS à 10Hz qui était le groupe témoin puisque c’est précisément cette fréquence électrique qui est censée modifier les ondes alpha.
Le traitement s’est réparti sur 5 jours à raison d’une séance de 40 minutes par jour.
Les résultats compilés de l’évaluation des symptômes de la maladie et les électroencéphalogrammes montrent que les patients traités avec la tACS à 10 Hz :
- Présentent des oscillations alpha du cortex frontal gauche plus faible pour se synchroniser avec celles du cortex frontal droit;
- Voient, pour 70% d’entre eux, la sévérité de leurs symptômes diminuée de moitié, 15 jours après le traitement.
À savoir ! L’évaluation des symptômes de la dépression a été réalisée grâce à l’échelle d’évaluation de la dépression de Montgomery – Åsberg (MADRS). Ce questionnaire de 10 items évalue la gravité des symptômes dans des domaines très variés tels que l’humeur, le sommeil et l’appétit, la fatigue physique et psychique et les idées suicidaires.
Ces résultats, très encourageants, montrent que le rééquilibrage des ondes alpha dans les deux parties, gauche et droite, du cortex frontal avec la tACS permet de diminuer les symptômes de la dépression.
De nouveaux travaux sont déjà prévus sur un nombre plus important de volontaires.
Julie P., Journaliste scientifique
– Double-blind, randomized pilot clinical trial targeting alpha oscillations with transcranial alternating current stimulation (tACS) for the treatment of major depressive disorder (MDD). Translational Psychiatry. M.L.Alexander et al. Consulté le 29 mars 2019.
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