Douze millions de Français sont concernés par des douleurs chroniques, qui altère leur qualité de vie, mais aussi celle de leur entourage. Les conséquences de la douleur chronique sont multiples et impactent la santé physique, mais aussi mentale. Douleur chronique et dépression sont étroitement liés, et leurs liens s’exercent souvent à double sens. Explications.
Douleur chronique et dépression
Douleur chronique et dépression sont étroitement liés. La dépression est fréquemment associée à des symptômes douloureux et inversement, souffrir de douleurs chroniques affecte la santé mentale et augmente le risque de dépression.
À savoir ! La douleur chronique se définit comme une douleur évoluant sur une durée de plus de 3 mois.
D’après les estimations, la moitié des patients souffrant de douleurs chroniques développent des troubles anxieux ou dépressifs. Ce chiffre s’élève à 80 % pour les personnes souffrant de fibromyalgie. La prise en compte de l’état psychologique représente donc un enjeu majeur dans la prise en charge du patient douloureux chronique. D’ailleurs, dans le parcours de soins du patient douloureux chronique, l’équipe pluriprofessionnelle en charge du patient doit comprendre un psychologue. Dans la situation réciproque, l’évaluation de la douleur est également un enjeu clé dans la prise en charge du patient dépressif.
La douleur, un symptôme de la dépression ?
Derrière la douleur chronique, se cache une multitude de contextes cliniques et dans la majorité des cas, une ou plusieurs maladies chroniques (une maladie rhumatismale, une maladie métabolique, une maladie auto-immune ou encore un cancer). Difficile alors de distinguer précisément si la survenue des troubles dépressifs est liée à la douleur en elle-même ou à d’autres aspects de la maladie chronique : le fardeau des traitements, les autres symptômes, l’impact sur la vie sociale ou professionnelle, etc. Pourtant, même en l’absence de maladie chronique, l’existence d’une douleur chronique est belle et bien associée à un risque majoré de dépression.
Pour les spécialistes, l’expression de certaines douleurs chroniques, en dehors de toute maladie clairement identifiée, pourrait justement être le résultat de troubles anxio-dépressifs. La dimension émotionnelle de la douleur chronique et la somatisation sont alors évoquées par les soignants. Difficile dans ces contextes de délimiter précisément où s’arrête la douleur et où commence la dépression. La nature et l’intensité des douleurs décrites par les patients sont aussi des éléments cruciaux à prendre en compte.
Prendre en charge à la fois la douleur et la dépression
Selon les contextes, les patients peuvent exprimer :
- Uniquement leur douleur ;
- Uniquement leurs troubles dépressifs ;
- Simultanément les douleurs et les troubles dépressifs.
Des échelles d’évaluation adaptées peuvent être utilisées par les médecins pour caractériser plus précisément les douleurs chroniques et la dépression.
Dans tous les cas, les liens étroits entre la douleur chronique et la dépression exigent un dépistage systématique et une prise en charge adaptée des deux problèmes. Face à la douleur chronique, différentes thérapies peuvent être mises en place :
- La prescription de médicaments antalgiques ;
- Le recours à des solutions non médicamenteuses (neurostimulation, hypnose, …) ;
- Le suivi dans un centre spécialisé dans la prise en charge de la douleur.
Mais si la douleur est associée à une composante dépressive, une prise en charge adaptée est nécessaire, avec un suivi psychologique et si besoin la prescription de médicaments antidépresseurs.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Un nouveau parcours de santé pour la personne présentant une douleur chronique. www.has-sante.fr. Consulté le 15 janvier 2024.
– Quand la dépression n’arrive pas seule. lejournal.cnrs.fr. Consulté le 15 janvier 2024.