Nouveau confinement : Comment éviter la rechute dépressive ?

Depuis plus d’un an, l’épidémie de Covid-19 et les mesures prises par le gouvernement pour tenter de l’enrayer ont bouleversé le quotidien des français avec des conséquences non négligeables sur leur santé mentale. Parmi eux, beaucoup de personnes vulnérables souffrant ou ayant souffert de dépression. En ce début de troisième confinement, comment éviter la rechute dépressive ?

Qu’est-ce qu’une rechute dépressive ?

On estime que 8 % des français de 15 à 75 ans vivent une dépression au cours de l’année et qu’environ une personne sur cinq a vécu ou vivra une dépression au cours de sa vie. Cette pathologie est d’autant plus préoccupante que les risques de rechute dépressive sont importants, surtout si le traitement n’a pas été correctement suivi lors du premier épisode dépressif.

À savoir ! On parle de rechute dépressive si un nouvel épisode dépressif caractérisé se manifeste au cours du traitement. On parle de récidive s’il se manifeste après une rémission.

Les épisodes dépressifs caractérisés isolés sont rares. Ils récidivent en effet chez 80% des patients. Et dans la moitié des cas, la rechute survient dans un délai de deux ans. La qualité de la prise en charge demeure donc déterminante pour le pronostic du trouble dépressif caractérisé. Mais comment éviter la rechute dépressive ? Un traitement à long terme et le suivi régulier d’une psychothérapie peut être mis en place rapidement.

Certains  facteurs de risque sont néanmoins considérés comme favorisant les rechutes. Une personne vulnérable psychiquement et ne bénéficiant pas d’une psychothérapie adéquate sera ainsi susceptible de vivre un nouvel épisode dépressif déclenché par un événement douloureux ou perturbant. A noter que le taux de récidives est plus important chez les femmes et les personnes âgées. Et la crise sanitaire  qui perdure et nécessite un troisième confinement n’arrange pas la situation…

Impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des français

Depuis plus d’un an, le gouvernement tente en effet d’enrayer l’épidémie de Covid-19 au moyen de mesures de confinement et de couvre-feu bouleversant le quotidien des français. Et ces restrictions, parfois difficiles à accepter, ne sont pas sans conséquences sur la santé mentale des Français. Peur de la maladie, stress, lassitude, télétravail, isolement social, sont en effet autant de facteurs favorisant l’apparition de symptômes anxieux et dépressifs, en forte augmentation depuis le début de la crise sanitaire.

L’enquête CoviPrev menée par Santé publique France depuis le mois de mars 2020 témoigne d’ailleurs d’une dégradation de la santé mentale de la population : « Environ un tiers de la population française exprime les symptômes d’un état dépressif ou anxieux. Telle est l’épidémie derrière la pandémie» a déclaré la Directrice générale de Santé publique France.

Cette enquête menée au long cours auprès de la population confirme que les multiples confinements ont eu un impact sur la hausse de la prévalence des troubles du sommeil, des symptômes anxieux, des symptômes dépressifs, ainsi que des symptômes persistants associés à un stress post-traumatique. Cette augmentation a été particulièrement observée chez les jeunes et les personnes aux revenus modestes. Dès lors, dans ce contexte de troisième confinement, comment prévenir et éviter la rechute dépressive ?

Comment éviter la rechute dépressive pendant le confinement ?

Force est de constater que l’épidémie de Covid-19 et ce nouveau confinement imposé mettent la santé mentale de chacun à rude épreuve. Pour la préserver, il est possible pour chacun de s’appuyer sur ses propres ressources :

• Se répéter qu’il s’agit d’une période difficile pour tout le monde.
• Etre à l’écoute de ses émotions et apprendre à les exprimer (peur, tristesse, colère).
• Se rappeler comment des difficultés passées ont pu être surmontées afin de mieux mobiliser ses ressources personnelles.
• Penser positif : l’épidémie prendra fin un jour !
• Mettre en place un rituel avec des heures fixes de coucher et de réveil toute la semaine.
• Pratiquer une activité physique régulière.
• Réaménager son intérieur pour le rendre plus agréable et fonctionnel.
• Bien délimiter le travail et sa vie privée, surtout en cas de télétravail.
• S’octroyer des petits plaisirs (écouter de la musique, se préparer de bons plats).
• Garder le contact avec la nature.

En cas de besoin, il est également possible de faire appel à une aide extérieure :

• Famille et amis : ne pas hésiter à demander leur soutien.
• Médecin traitant : il pourra poser le diagnostic et préconiser un traitement adéquat.
• Thérapeute : un psychologue ou un psychothérapeute pourront prêter une oreille attentive.
• Numéros d’urgence et associations : à contacter pour des conseils et une orientation vers des professionnels de santé compétents.

À savoir ! Un numéro vert  (0 800 130 000) a été créé par le gouvernement pour répondre à toutes les questions en lien avec l’épidémie de Covid-19 (confinement, couvre-feu, restrictions de déplacement) et pour orienter si besoin vers une écoute et un soutien psychologique.

Il convient enfin de saluer une belle initiative.  Le 6 avril dernier, Santé publique France et le ministère des solidarités et de la santé ont lancé une campagne de sensibilisation à la santé mentale intitulée « En parler c’est se soigner ». Cette campagne à destination du grand public porte une attention particulière aux  jeunes de 18 à 24 ans et propose un volet digital ainsi que des spots radios et télévisés.

À savoir ! Dans le cadre de la campagne « En parler c’est se soigner », un service d’écoute anonyme et  intitulé « Fil Santé Jeunes » est mis à disposition des jeunes de 12 à 25 ans. Entièrement gratuit (0 800 235 236), ce service est accessible 7 j/7 de 9h à 23h.

L’objectif affiché ? Encourager à prendre la parole auprès de son entourage ou d’un professionnel de santé et inciter à l’utilisation des dispositifs d’information et d’écoute mis en place. Pour ne pas rester seul en ces temps troublés !

Déborah L., Docteur en Pharmacie