Chaque année, environ 120 000 infarctus du myocarde sont recensés en France. Après un tel accident cardiovasculaire, certains patients connaissent un épisode plus ou moins prolongé d’anxiété ou de dépression. Selon une récente étude, la durée de cet épisode pourrait être associée à un risque accru de mortalité.
Infarctus du myocarde et dépression
L’infarctus du myocarde est l’un des accidents cardiovasculaires les plus fréquents et les plus impressionnants. Survivre à un tel accident ne laisse généralement pas indifférent. La convalescence est régulièrement marquée par une phase de profonde remise en question, qui peut provoquer chez certains patients des troubles dépressifs ou anxieux.
De précédentes études scientifiques ont montré que la dépression ou l’anxiété après un infarctus du myocarde pouvaient affecter négativement le pronostic des patients. Dans une récente étude, des chercheurs suédois se sont penchés plus particulièrement sur l’influence de la durée de l’épisode dépressif sur le risque de mortalité. Ils ont publié leurs résultats dans la revue scientifique European Journal of Preventive Cardiology.
Un risque de mortalité presque doublé si la dépression s’installe
Les chercheurs ont analysé les données de 26 641 patients, âgés de moins de 75 ans, et ayant survécu au moins une année à un infarctus du myocarde. Grâce à un questionnaire spécifique, leur détresse émotionnelle a été évaluée 2 mois, puis 12 mois après l’accident cardiovasculaire. Au cours du suivi, 1 680 décès sont survenus, dont 615 étaient d’origine cardiovasculaire.
L’analyse des données a permis de montrer que, si la détresse émotionnelle persiste pendant une année, elle a une incidence négative significative sur le pronostic vital des patients. Un tel phénomène n’a pas été observé, lorsque les troubles anxieux ou dépressifs sont de courte durée.
Par rapport aux patients sans troubles anxieux ou dépressifs, les patients présentant une dépression pendant au moins une année avaient :
- Un risque de décès cardiovasculaire majoré en moyenne de 45 % ;
- Un risque de décès toutes causes confondues augmenté en moyenne de 54 %.
Prendre en charge la dépression pour améliorer le pronostic vital
Comment expliquer une telle incidence de la dépression sur le pronostic vital des patients après un infarctus du myocarde ? Pour les auteurs de l’étude, les troubles anxieux ou dépressifs constituent un obstacle à la prise de conscience des patients. Après un accident cardiovasculaire, il est capital que les patients décident de changer en profondeur leur mode de vie, en particulier :
- Arrêtent de fumer ;
- Pratiquent une activité physique régulière ;
- Adoptent une alimentation saine et équilibrée ;
- Réduisent leur niveau de stress ;
- Suivent assidûment les traitements médicaux prescrits.
La persistance de la dépression après un infarctus du myocarde semble par ailleurs toucher plus fortement certains types de patients, les plus jeunes, les femmes, les célibataires, les personnes nées à l’étranger et sans activité professionnelle.
Ces résultats démontrent l’importance de détecter et de prendre en charge les troubles dépressifs ou anxieux après un infarctus du myocarde. Cet aspect apparaît crucial pour optimiser le pronostic vital des patients !
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Persistent emotional distress after a first-time myocardial infarction and its association to late cardiovascular and non-cardiovascular mortality. Eurekalert Consulté le 25 Juillet 2019.
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