Stress, addictions, précarité… les artistes doivent souvent surmonter des conditions de vie difficiles. Selon une enquête réalisée par le collectif Cura, 90% des professionnels de la musique souffrent ponctuellement ou durablement de dépression. Retour sur les conclusions de cette enquête inédite.
Un rythme de vie source d’insomnies
Pour réaliser ce sondage sur la santé des professionnels de l’industrie musicale, le collectif Cura, rattaché au groupement des artistes GAM (La Guilde des Artistes de la Musique) et crée en 2019, a rédigé un questionnaire accessible en ligne.
De mai à septembre 2019, 503 artistes et professionnels travaillant dans le monde de la musique (chanteurs, musiciens, instrumentistes, régisseurs, compositeurs …) ont répondu à ce questionnaire.
64% des répondants étaient âgés de 25 à 45 ans et 51% étaient des hommes. Ils avaient pour la plupart entre 5 à 10 ans d’expérience professionnelle.
Sur le plan de la santé physique, 6 répondants sur 10 disent souffrir parfois ou souvent de troubles ou liés à leurs conditions de travail et/ou à la pratique de leur instrument.
Les principaux problèmes rencontrés sont :
- Des troubles auditifs (perte d’audition, acouphènes) (50% des interrogés) ;
- Des perturbations du rythme du sommeil (manque de sommeil, insomnies, difficultés d’endormissement, apnée du sommeil, etc.) (89% des interrogés contre 33% dans la population générale) ;
- Une mauvaise hygiène alimentaire et un manque d’exercice physique (80% des interrogés).
Une santé mentale fragilisée
Du côté de la santé psychologique, l’enquête de la Cura révèle que 43% des interviewés ont un problème avec l’alcool et 30% avec l’addiction aux drogues.
« Nous sommes constamment incités à consommer de l’alcool, quand on refuse on est souvent jugés » témoigne l’un des participants à l’enquête.
Les conditions de travail très stressantes (angoisse de ne pas avoir de travail, stress lors des auditions etc..) et des conditions de vie précaires (instabilité financière) provoquent de l’anxiété liée à la performance chez 83% d’entre eux et une sensation de dépression chez 88% d’entre eux.
Chez 23% des répondants, une dépression a été diagnostiquée
Un pourcentage qui est 2,5 fois plus élevé que celle de la moyenne nationale.
Enfin, le collectif Cura souligne que les professionnels de la musique ne bénéficient pas de conseils ou d’encadrement médical suffisant.
25% des interrogés disent ne pas vouloir demander de l’aide et 25 % ne savaient pas à qui s’adresser.
Sur les 503 répondants, 76% déclarent avoir besoin d’un accès facilité aux soins et 78% d’entre eux voudraient la mise en place d’un fonds d’aide.
» Dans le monde de la musique, cette aide est parfois trop discrète, inaccessible, ou liée à la honte » souligne le collectif.
Prochaine étape pour la Cura ?
La rédaction d’un guide sur la santé des artistes, la mise en place d’ateliers pour le début de l’année 2020 et la création d’un répertoire réunissant les professionnels de santé à contacter en cas de besoin.
Le Collectif espère pouvoir réaliser d’autres investigations avec l’appui des pouvoirs publics pour « construire un édifice plus solide pour le bien-être des actuels et futurs passionnés de la musique ».
Julie P., Journaliste scientifique
– Enquête exploratoire sur la santé & le bien-être dans l’industrie musicale. . La Gam.org. Consulté le 22 octobre 2019.
