Selon les estimations, près de 20 % des mères seraient touchées par une dépression du post-partum dans le mois qui suit l’accouchement. Véritable dépression, à la différence du baby blues, la dépression post-natale peut profondément nuire à la qualité de vie de la mère, de l’enfant et donc de la famille. Récemment, des chercheurs ont évalué l’intérêt à long terme d’une classe d’antidépresseurs dans le traitement de cette dépression. Explications.
Baby blues et dépression du post-partum
La dépression du post-partum est une forme particulière de dépression, qui ne doit pas être confondue avec un baby blues. Le baby blues concerne une majorité de mères, et survient en lien avec tous les changements physiques, hormonaux et psychologiques liés à l’accouchement. Cette phase ne dure que quelques heures à quelques jours et n’a généralement aucune conséquence pour la famille.
La dépression du post-partum est quant à elle un véritable syndrome dépressif, associant :
- L’impression de manquer d’énergie ;
- Des difficultés pour s’occuper de son enfant ;
- Une incapacité à effectuer les tâches de la vie quotidienne ;
- Une perte de plaisir et un isolement social ;
- Une profonde tristesse, provoquant des crises de larmes sans raison apparente ;
- Des pensées négatives ;
- Des troubles du sommeil ;
- Une perte ou une augmentation de l’appétit.
Cette dépression peut durer des mois, parfois plus d’un an et impacter fortement la vie de la famille, la santé de la mère et de l’enfant. Elle doit donc être dépistée au plus tôt et prise en charge par des professionnels.
L’intérêt à long terme d’un antidépresseur
Lorsque la dépression du post-partum est diagnostiquée et en fonction des symptômes de la mère, plusieurs options sont possibles pour la prise en charge, parmi lesquelles la prescription d’antidépresseurs. Dans une récente étude, des chercheurs norvégiens ont évalué l’effet de la prise d’une classe d’antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (une classe d’antidépresseurs parmi les plus prescrites en France), sur la santé de la mère et de l’enfant.
Les chercheurs ont mené une étude de cohorte sur 61 081 couples mères-enfants. Les mères ont été recrutées entre 17 et 18 semaines de grossesse entre 1999 et 2008, puis suivies jusqu’après la naissance de leur enfant. Sur l’ensemble des couples mères-enfants inclus dans l’étude, 14,2 % des mères ont été diagnostiquées pour une dépression post-natale et 2 % ont reçu un traitement par un antidépresseur inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine (cette classe est indiquée dans le traitement de la dépression post-natale).
Traiter la dépression pour une meilleure qualité de vie de toute la famille
Les chercheurs ont constaté que les conséquences pour la mère et l’enfant étaient plus défavorables lorsque les mères présentaient des symptômes plus sévères de dépression du post-partum. La mise en place du traitement antidépresseur améliorait la relation entre la mère et l’enfant 6 mois après la naissance (d’après le ressenti de la mère). Ce traitement réduisait également le risque de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant jusqu’à l’âge de 5 ans. De plus, le traitement antidépresseur réduisait le risque d’une dépression maternelle à long terme, tout en améliorant les relations entre les parents et le comportement de l’enfant.
Si le traitement antidépresseur par inhibiteur spécifique de recapture de la sérotonine avait déjà montré son intérêt à court terme dans le traitement de la dépression post-natale, cette étude met en évidence son intérêt à long terme sur la santé et le bien-être de la mère, des parents, et de l’enfant. De telles données fournissent aux professionnels de santé un nouvel éclairage sur la pertinence des traitements antidépresseurs dans la prise en charge de la dépression du post-partum.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Le baby blues et la dépression du post-partum. www.1000-premiers-jours.fr. Consulté le 6 septembre 2023.