Diabète, obésité, stéatose hépatique non alcoolique… un régime alimentaire riche en sucres et en graisses saturées peut avoir de graves conséquences sur notre organisme. Au-delà de la santé physique, consommer de la junk food déstabilise également notre santé mentale en favorisant la survenue de dépression. Retour sur les résultats d’une revue d’études sur le sujet réalisée par trois chercheurs de l’université métropolitaine de Manchester.
Un risque de dépression augmenté de 40%
Pour répondre à leurs interrogations sur le lien entre junk food et risque de dépression, trois chercheurs du Bioscience Research Center de l’université de Manchester ont entrepris une méta-analyse de 11 études scientifiques couvrant 101 950 participants âgés de 16 à 74 ans et vivant aux quatre coins du monde (États-Unis, Australie, Europe, Moyen-Orient).
Parmi ces 11 études, 7 d’entre elles avaient suivi les patients pendant 5 à 13 ans.
Leurs résultats sont sans appel : un régime alimentaire avec une forte composante de junk food, de gâteaux et de viande transformée augmente de 40 % le risque de développer une dépression ou des symptômes dépressifs. Ce type de régime augmente l’inflammation chronique de tout l’organisme y compris celle du cerveau.
À savoir ! L’inflammation est le système de défense naturel du corps contre les infections, les blessures ou les toxines. Pour se protéger de ces dommages, le corps libère des protéines, des anticorps et augmente le flux sanguin vers les zones touchées, provoquant ainsi des rougeurs et des gonflements. Cependant, cette inflammation peut-être néfaste si elle est inadaptée ou mal contrôlée. La réaction inflammatoire est agressive ce qui conduit à une inflammation chronique et pathologique.
Pour le Dr Steven Bradburn : « Ces résultats ont un potentiel clinique considérable pour le traitement de la dépression et, le cas échéant, d’autres maladies, telles que la maladie d’Alzheimer, qui ont également une composante inflammatoire sous-jacente ».
Cependant, à ce stade de recherche, les chercheurs restent prudents et précisent que les résultats obtenus montrent une association et non pas un lien de causalité. Des travaux supplémentaires sont donc nécessaires pour vérifier si le changement des habitudes alimentaires permet de diminuer ce risque de survenue de dépression.
L’inflammation de l’organisme en cause
Pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques de la dépression, qui touche par ailleurs 4,4% de la population mondiale, de nombreux laboratoires ont accéléré les recherches ces 10 dernières années.
Sans ambiguïté, il a été démontré qu’une inflammation chronique supérieure à la normale est retrouvée chez les personnes dépressives. Le taux de certaines molécules inflammatoires circulantes (cytokines, protéine C réactive,) permet également de prédire la réponse du patient à un traitement médicamenteux anti-dépressif.
En parallèle, des études de nutrition ont montré que certains aliments ont des propriétés pro-inflammatoires ou anti-inflammatoires.
À savoir ! Les céréales complètes, les œufs, le brocoli, les choux-fleurs sont des aliments reconnus pour faire diminuer le taux de molécules inflammatoires circulantes. Le régime méditerranéen (huile d’olive, de tomates, de légumes verts et de poisson gras) est également un type d’alimentation reconnu pour ses propriétés anti-inflammatoires.
Cependant, les chercheurs soulignent aussi que le fait d’être déprimé entraîne une plus grande propension à s’alimenter avec des produits riches en sucre et en graisses saturées (junk food ). En effet, une étude précédente avait montré que des étudiants stressés étaient trois fois plus susceptibles de se diriger vers des aliments ultra-transformés riches en sucre et en gras que les étudiants ne subissant pas de stress. Ils soulignent ainsi le cercle vicieux qui peut s’installer entre la dépression et le mode de nutrition.
Pour les chercheurs, il est donc souhaitable de réaliser une étude permettant de décrire dans quelles mesures un régime alimentaire anti-inflammatoire (fibres, céréales complètes, fruits et légumes, vitamines (A, C, D) et de graisses insaturées) peut faire reculer les symptômes dépressifs.
Julie P., Journaliste scientifique
– An anti-inflammatory diet as a potential intervention for depressive disorders: A systematic review and meta-analysis. Clinical Nutrition. K.Tolkien. S.Bradburn et C.Murgatroyd. Consulté le 10 janvier 2019.