La dépression du post-partum, ou dépression post-natale, qui touche de 3 à 20% des femmes dans les deux mois suivant l’accouchement, est une pathologie bien décrite. Cependant, les bouleversements de la vie quotidienne liés à la naissance de l’enfant impactent également les pères. Selon de récentes études, cette pathologie peut affecter jusqu’à 10 % des jeunes pères lors des premiers mois qui suivent la naissance.
La dépression du post-partum, comment la reconnaître ?
Bien connu, le baby blues des jeunes mamans va s’atténuer au bout de quelques jours, alors que la dépression du post-partum, ou dépression post-natale, peut s’inscrire dans le temps. Il s’agit d’une dépression modérée, qui dure plusieurs mois voire même jusqu’à deux ans. Les symptômes sont proches de ceux de la dépression classique (découragement, perte de motivation, irritabilité, …).
À savoir ! La mère peut également développer des troubles de l’attachement avec son bébé. Ces derniers sont de deux types : soit un détachement vis-à-vis du bébé, lié par exemple à la peur de lui faire du mal ou de ne pas être compétente, soit au contraire à un attachement fusionnel avec l’enfant, lié par exemple à une volonté de le surprotéger.
Les causes de cette dépression peuvent être en lien direct avec les changements physiologiques subis par la mère lors de la grossesse (modifications hormonales et physiques par exemple) ou à des facteurs extérieurs (situation familiale ou financière complexe, des antécédents de dépression, …).
Dans tous les cas, il reste difficile de prédire quelles mères développeront une dépression post-natale.
À savoir ! Il existe une échelle d’évaluation de la dépression post-partum dite échelle d’Edinburg où 10 questions sont posées à la mère. A chaque réponse est associé un score, si ce dernier dépasse une valeur définie, la mère est susceptible d’avoir développé une dépression post-natale. Cette échelle ne se substitue évidemment pas à un examen médical.
Que se passe-t-il pour le père ?
Devenir père, pour beaucoup d’hommes, signifie s’éloigner de l’individualisme et conduit à une augmentation des responsabilités et de l’autoréflexion qui peut entraîner des changements positifs du comportement.
Si les facteurs psychosociaux déclencheurs de la dépression du post-partum de la mère sont étudiés de longues dates et référencés, il est probable que ceux-ci impactent également le père et soient à l’origine de la définition d’une nouvelle pathologie : la dépression paternelle.
Selon les travaux publiés par une équipe irlandaise dirigée par le Dr Lloyd Frank Philpott, les études montrent que la paternité a des effets bénéfiques sur la santé des nouveaux pères. Cependant, il y a également des preuves qui suggèrent que la transition vers la paternité peut être plus complexe et exigeante, avec un impact négatif sur la santé des pères : détresse, anxiété et risque accru de dépression.
Dans cette étude, 101 pères ont répondu à 63 questions (dont les 10 questions de l’échelle Edinburg) pour évaluer l’apparition d’une dépression post-natale chez ces derniers. En se basant sur le modèle de calcul de l’échelle d’Edinburg, 12% des pères interrogés étaient susceptibles d’avoir développés une dépression post-natale. Ce score passe à 16% lorsque les données ne concernent que les 6 premiers mois de la naissance. Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de survenue de la dépression :
- Un enfant prématuré
- Un enfant post-terme
- Un enfant avec des troubles du sommeil
- Des difficultés socioéconomiques
Contrairement à d’autres études, les facteurs suivants n’apparaissent pas comme étant à risque :
- Une grossesse non désirée
- L’absence de congé paternité
- La mère touchée par une dépression du post-partum
À savoir ! Lorsque les résultats de l’étude irlandaise sont comparés à ceux de 43 autres études sur le sujet, la prévalence de la dépression paternelle est de 10 % auprès des nouveaux pères.
Accompagner la dépression du post-partum
Si la dépression du post-partum entraîne des conséquences importantes pour le couple, elle n’est pas sans retombée sur le nouveau-né. Ses répercussions pour l’enfant peuvent être plus ou moins graves selon la gravité de la dépression.
À savoir ! Les conséquences d’une dépression post-natale d’un ou des deux parents peut être graves :
- Un développement altéré du lien affectif
- Un risque de rejet par l’un des parents
- Un risque d’infanticide ou de suicide
Les résultats de l’étude, ajoutés à l’ensemble croissant de preuves, suggèrent que la santé mentale périnatale du père est un problème à ne pas négliger ; or, actuellement, ces derniers sont sous-diagnostiqués et non traités pour des problèmes de dépression du post-partum. La santé mentale périnatale est un enjeu thérapeutique majeur et nécessite une évaluation et un soutien des mères, mais aussi des pères, durant cette étape importante de la vie.
À savoir ! Chez la mère, la prise en charge de la dépression est capitale et repose sur trois axes principaux :
- Une psychothérapie
- Des réseaux de soutien
- Des traitements médicamenteux par des antidépresseurs
Ces études montrent qu’il est important de veiller au bien-être des deux parents et de les accompagner au cours de cette étape importante de leur vie. Cet accompagnement doit permettre à l’enfant qui vient de naître de s’épanouir et aux nouveaux parents de savourer leur bonheur…
Romain R., Docteur en Biologie Moléculaire et Cellulaire.
– Dépression postnatale, n’oublions pas les pères ! Marie Gélébart ; Journal International de Médecine (JIM) ; 24 Novembre 2017 ;