Les membres de l’observatoire national du suicide, ont rendu cette semaine leur deuxième rapport à Marisol Touraine, Ministre de la Santé. Ce rapport intitulé « Suicide-Connaître pour prévenir : dimensions nationales, locales et associatives » poursuit l’état des lieux des connaissances, de la recherche, des causes, des facteurs de risque du suicide, et dresse un premier bilan des actions menées depuis la création de l’Observatoire en 2013.
En 2012, le nombre de décès par suicide a dépassé le nombre de morts sur les routes en France. En effet, le rapport indique que 9 715 personnes sont mortes par suicide en 2012 alors que la route faisait 3 426 victimes. Par ailleurs, si l’on constate une diminution du nombre de suicide sur la période de 2000 à 2012, le suicide reste la cause de près de 27 décès par jour.
75% des suicides sont masculins
Le suicide concerne les deux sexes et toutes les classes d’âge, avec une prévalence chez les hommes et les personnes âgées. Les données sont sans appel : 75% des suicides sont masculins. « La surmortalité masculine est présente à tous les âges, bien que davantage marquée entre 25 et 44 ans où la part des décès masculins avoisine 80%. ». Les tentatives de suicide concernent elles, davantage les jeunes filles entre 15 et 20 ans, et, dans une moindre mesure, les femmes entre 40 et 50 ans. En France, le chiffre alarmant de 200 000 tentatives de suicide a été rapporté en 2012.
En 2014, le nombre de personnes âgées de 15 à 75 ans déclarant avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois est de 5% en France métropolitaine, 4,2% en Guadeloupe, 4,4% en Martinique, 4,7% à La Réunion et 5,5% en Guyane.
Des disparités régionales
Le taux de suicide moyen sur l’ensemble du territoire est de 15,3 pour 100 000 habitants mais le rapport pointe des très grandes disparités régionales. La Bretagne et le Nord sont les deux régions les plus touchées, avec des taux compris entre 20 et 25 suicides pour 100 000 habitants. A contrario, l’Ile-de-France et la Corse sont les deux régions pour lesquelles le taux de suicide est en-dessous de celui de la moyenne nationale, avec un taux compris entre 5 et 10 pour 100 000.
Les experts expliquent qu’il est nécessaire de comprendre les raisons sous-jacentes à ces disparités pour mieux aider les personnes à risque. Connaître les modes de suicide permet aussi d’accentuer la prévention de manière personnalisée dans les régions. Par exemple, le rapport révèle que l’on se suicide davantage avec pendaison dans les départements du nord, et plus par armes à feux dans le Sud-Ouest.
Les moyens de prévention du suicide
Les experts de l’observatoire national du suicide ont également fait le point sur les mesures de prévention mises en place dans le cadre du programme de prévention du suicide 2011-2014.
Parmi les mesures mises en place le label « Aide en santé » délivré par l’INPES aux associations qui proposent des lignes d’appel, permettant la professionnalisation des répondants. Des supports papiers expliquant les bonnes pratiques d’intervention ont également été distribués dans les associations. Des actions de sensibilisation ont également été menées entre les associations et les animateurs de forum en ligne, ce qui a permis de multiplier par deux le nombre de signalement de personnes en souffrance.
Par ailleurs, plusieurs actions de prévention ont été réalisées : « renforcement des groupements d’entraide mutuelle, actions à destination des personnes sourdes et malentendantes, outils pour prévenir les comportements homophobes et leurs conséquences sur les jeunes ».
Deux projets n’ont pas encore vu le jour : la dispensation des médicaments psychotropes à l’unité, et la cartographie des lieux de passage à l’acte suicidaire (voies ferrées, ponts). La complexité de ces deux mesures n’a pas permis leur réalisation.
Source :
Suicide: Connaître pour prévenir: dimensions nationales, locales et associatives. 2ème rapport de l’observatoire national du suicide. Février 2016.
