Les 10èmes assises organisées par la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle qui se sont déroulées fin mars, sont l’occasion de mesurer la place de cette discipline dans la prise en charge médicale. Parmi les pathologies impactées par la sexualité (telles que les cancers, le diabète, les maladies cardiovasculaires), la psychiatrie n’est pas en reste, en particulier dans la dépression.
Lien entre sexualité et dépression
On estime que près de 20% de la population française aurait déjà été confrontée à un épisode dépressif majeur. Or, les individus déprimés auraient 20 fois plus de risque de suicide. Cependant, ce n’est pas la seule cause de mortalité engendrée par la dépression.
En effet, ce trouble psychique favoriserait également la survenue d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et d’un infarctus du myocarde (IDM). Par ailleurs, plus le degré de sévérité de la dépression est important plus le risque augmente. Il existerait en effet, des mécanismes biologiques et génétiques communs aux pathologies cardiovasculaires, métaboliques (par exemple, le diabète) et aux troubles de l’humeur.
De plus, la dépression entraîne des conséquences majeures sur la sexualité. Elles se manifestent chez la femme par une baisse de désir, une altération de l’excitation et du plaisir lors des rapports sexuels ainsi que des difficultés à avoir un orgasme. Un homme dépressif peut manifester une baisse de désir sexuel, des troubles de l’érection et une altération du plaisir et de l’éjaculation. Ainsi, chez un homme, la dépression peut multiplier par 2 le risque de dysfonction érectile (DE), ce dernier étant proportionnel à la sévérité de la maladie.
Ces constatations n’ont rien d’étonnant quand on connaît la relation entre les troubles psychiatriques, la fonction cérébrale et sexuelle. En effet, l’augmentation de la protéine C réactive (CRP) est connue depuis longtemps pour être liée à la survenue de l’état dépressif et son pronostic. Or, cette même protéine a également un lien avec l’apparition d’une dysfonction érectile. Sexualité et humeur semble donc intimement liées.
Quelle prise en charge ?
La dépression nécessite un traitement antidépresseur. Or, ces médicaments sont néfastes sur la sexualité. Ce paramètre est essentiel à prendre en compte dans la prescription. En effet, les troubles de la sexualité ont un impact négatif sur l’humeur des patients pouvant conduire à une mauvaise prise du traitement voire à un arrêt total.
Ce type de comportement entrave la guérison et favorise les rechutes, il est donc nécessaire d’adapter les doses d’antidépresseurs. Il convient de fixer la dose intermédiaire avec son médecin traitant permettant de traiter la dépression sans altérer la sexualité.
Le médecin généraliste a un rôle pivot dans la prise en charge des dysfonctions érectiles (DE) : il peut les détecter grâce à sa proximité avec le patient afin de les traiter. De plus, il parait logique et important que les DE soient recherchés chez les patients atteints de dépression. Et, inversement le syndrome dépressif doit lui aussi être investigué chez un patient présentant une dysfonction érectile.
Le sexologue est en mesure de repérer une dépression chez un patient souffrant de DE et a un rôle de conseil sur la sexualité. Intégré à une équipe multidisciplinaire de professionnels, son objectif est de diminuer l’anxiété de performance et l’anticipation anxieuse. Un psychiatre peut également agir en améliorant l’estime de soi du patient et en l’aidant à gérer ses émotions.
Charline D., Pharmacienne
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