C’est bien connu, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Et si un réveil matinal était la solution anti-dépression ? C’est ce que suggère une étude américaine selon laquelle les personnes qui se réveillent tôt présenteraient un risque de dépression moins élevé.
Impact de l’heure du réveil sur le risque de dépression
Les confinements successifs liés à la pandémie de Covid-19 ont eu entre autres conséquences de bouleverser les habitudes de sommeil. C’est ainsi que nombreux ont été ceux qui ont décalé leur rythme veille/sommeil en se couchant plus tard et se réveillant plus tard que par le passé. Dès lors, l’heure du réveil pourrait-elle avoir un impact sur l’humeur ?
C’est une question qui suscite la curiosité de la communauté scientifique depuis plusieurs années. En 2018, des chercheurs américains avaient déjà cherché à savoir si le chronotype pouvait avoir un impact sur le risque de dépression. Après une étude menée pendant 4 ans sur plus de 32 000 participantes, les chercheurs ont publié leurs résultats dans le Journal of Psychiatric Research et révélé que les femmes matinales présentaient un risque de dépression réduit de 12 %.
À savoir ! Le chronotype est une manifestation du rythme circadien lui-même imposé par l’horloge biologique. Il définit la préférence d’une personne pour des activités plus matinales ou plus vespérales (du soir), comme l’heure lever et du coucher.
C’est sans compter que cette propension à se lever tôt (ou tard) dépendrait en partie de notre patrimoine génétique. Forts de ces données, une équipe de scientifiques de l’Université du Colorado et du MIT de Harvard a cherché à établir un lien entre prédisposition génétique à se lever tôt et risque de dépression.
Solution anti-dépression : Un risque de dépression réduit pour les personnes prédisposées à se lever tôt
Pour mener à bien cette nouvelle étude, les chercheurs ont évalué les données génétiques de 840 000 personnes qui se couchaient en moyenne à 23h et se réveillaient à 6h :
- 85 000 d’entre elles ont porté des trackers de sommeil pendant une durée de 7 jours
- 250 000 d’entre elles ont rempli des questionnaires sur leurs préférences en matière de sommeil.
Les chercheurs ont ensuite comparé ces données génétiques avec celles d’un autre échantillon de personnes comprenant des informations génétiques, des dossiers médicaux anonymisés et des enquêtes sur les diagnostics de troubles dépressifs majeurs. Ils sont ainsi parvenus à la conclusion que les personnes prédisposées génétiquement à être des « couche-tôt /lève tôt » présentaient moins de risque de dépression.
Comment prévenir le risque de dépression ?
D’après les chercheurs, chaque heure gagnée du point médian du sommeil (qui correspond au « milieu » du sommeil) permettrait en effet de réduire de 23% le risque de développer une dépression. Par exemple, une personne qui mettrait son réveil une heure plus tôt en s’étant couchée une heure plus tôt, pourrait réduire son risque de dépression de 23% et ce, sans avoir besoin d’augmenter sa durée de sommeil ! D’où l’importance, selon les chercheurs, de se coucher tôt et d’avoir un sommeil reposant. Pour cela, il conviendrait de limiter toutes les sources lumineuses de la chambre, de fermer correctement les volets et de dissimuler le plus possible tout signal lumineux (de la télévision ou de l’ordinateur par exemple).
Mais si l’équipe de scientifiques recommande de « passer des nuits bien sombres » pour un repos optimal, elle conseille également d’avoir « des journées lumineuses», en s’exposant rapidement à la lumière du jour le matin. Dès le lever, ouvrir les volets ou éclairer la pièce au moyen d’une lumière artificielle, permettrait de bloquer la sécrétion de la mélatonine (hormone du sommeil), et de stimuler la production de cortisol, une hormone qui facilite l’éveil.
À savoir ! Selon certains chercheurs, les personnes qui se lèvent tôt profiteraient d’une plus grande exposition à la lumière du jour à l’origine d’une cascade d’impacts hormonaux influençant l’humeur.
En démontrant que le chronotype d’une personne peut influencer le risque qu’elle développe une dépression, cette étude ouvre de nouvelles perspectives quant aux dispositifs d’information et de prévention à mettre en place auprès de la population. En attendant, les chercheurs encouragent à approfondir les connaissances sur le sujet à travers la mise en place d’essais cliniques.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Genetically Proxied Diurnal Preference, Sleep Timing, and Risk of Major Depressive Disorder. jamanetwork.com. Consulté le…